Intuitif | Gérald Brunon

« Ce que tu ne transformes pas, tu le transmets. »
— Carl Gustav Jung

L’addiction Ă  l’alcool n’est pas un simple excĂšs. Ce n’est pas une faiblesse morale, ni un dĂ©faut de volontĂ©.

C’est, bien souvent, une tentative maladroite — parfois dĂ©sespĂ©rĂ©e — de transmuter la douleur en oubli, le vide en chaleur, l’ombre en lumiĂšre.

L’alcool devient alors un alchimiste artificiel : il dissout les tensions, relĂąche les barriĂšres, donne temporairement l’illusion d’un lien retrouvĂ© — Ă  soi, aux autres, Ă  l’instant.

Mais toute alchimie sans conscience devient poison.


🜄 Dissoudre
 pour fuir ?

En alchimie, la premiĂšre Ă©tape du Grand ƒuvre est la solutio — la dissolution.

L’alcool dissout, oui.
Il dissout les filtres, les inhibitions, les douleurs, les souvenirs. Il ramĂšne Ă  un Ă©tat fluide, instable, Ă©motionnel
 oĂč le “moi” habituel s’efface.

Mais souvent, ce n’est pas la vraie personne qui Ă©merge, seulement le chaos temporairement libĂ©rĂ©.

L’alcool devient une façon d’échapper :
à la mémoire,
Ă  la tension,
Ă  la peur de vivre pleinement.


🜁 L’oubli n’est pas la guĂ©rison

L’oubli n’est pas une solution.
C’est une pause. Une fuite.
Et plus on l’utilise, plus le feu intĂ©rieur s’éteint.

Ce feu — le feu secret de l’alchimiste — c’est la conscience.
Celle qui éclaire sans brûler.
Celle qui révÚle, purifie, transforme.

Sortir de l’addiction, ce n’est pas renoncer à l’ivresse.
C’est dĂ©couvrir une autre ivresse : celle d’ĂȘtre pleinement vivant, mĂȘme dans l’inconfort.

C’est accepter de ressentir — pour enfin guĂ©rir.


🜂 Retrouver le feu intĂ©rieur

L’accompagnement hypnotique peut ĂȘtre une porte d’entrĂ©e douce vers cette transformation.

Il ne s’agit pas de supprimer l’addiction, mais de rencontrer ce qu’elle cache :

  • Quelle douleur n’a pas Ă©tĂ© accueillie ?
  • Quelle solitude a Ă©tĂ© noyĂ©e ?
  • Quel feu s’est Ă©teint, ou n’a jamais pu brĂ»ler ?
  • Quelle mĂ©moire cherche Ă  s’exprimer autrement ?

Quand ces questions sont écoutées avec présence, sans jugement, alors commence le véritable travail :
la transmutation, le retour au centre.


🜔 L’or cachĂ© dans l’ombre

L’alchimiste ne cherche pas l’or Ă  l’extĂ©rieur.
Il le révÚle dans la matiÚre la plus noire, la plus rejetée, la plus ignorée.

Et si l’alcool n’était pas l’ennemi, mais un indice tordu d’un appel profond ?
Et si l’ivresse recherchĂ©e Ă©tait le reflet dĂ©formĂ© d’une soif d’unitĂ©, de sens, de lumiĂšre ?

Alors, sortir de l’addiction devient une rĂ©conciliation.
Un retour Ă  soi.
Un choix d’alliance avec le feu sacrĂ© que tu portes en toi — ce feu que l’on n’éteint pas, mĂȘme avec tous les verres du monde.


✮ Accompagner le passage

Je ne propose ni miracle, ni jugement.
Mais je peux t’accompagner, avec respect et humanitĂ©,
dans ce passage alchimique oĂč la fuite devient retour,
oĂč la douleur devient matiĂšre,
et oĂč la conscience devient feu.

Si tu sens que l’alcool prend trop de place,
si tu sens qu’il y a en toi un appel plus profond,
alors il est peut-ĂȘtre temps de rĂ©pondre.
Non par la force, mais par la présence.
Par l’écoute.
Et par le courage de traverser.

🜍
Gérald


Addiction à l’alcool : une lecture alchimique

đŸ”„ Le feu liquide : ce que nous cherchons dans l’alcool

L’alcool est plus qu’une substance. C’est un feu distillĂ©, un esprit liquide (spiritus), qui invite au relĂąchement, Ă  l’oubli, Ă  la fusion avec quelque chose de plus grand
 ou de plus flou.
Ceux qui y tombent sont souvent en quĂȘte d’absolu. Ils veulent sentir, vibrer, s’échapper d’une douleur indicible. Mais ce feu, au lieu d’éclairer, finit par brĂ»ler.


🜂 Le feu alchimique : dĂ©truire pour transformer

Dans la tradition alchimique, le feu est l’agent de la transmutation. Il n’est ni bon ni mauvais : tout dĂ©pend de son orientation.
L’addiction peut ĂȘtre comprise comme un excĂšs de feu intĂ©rieur qui n’a pas trouvĂ© sa voie. Une tentative de transformation avortĂ©e. Une Ă©nergie puissante qui appelle Ă  ĂȘtre guidĂ©e.


🌍 Le dĂ©sĂ©quilibre des Ă©lĂ©ments

Lorsque l’alcool prend toute la place, les autres Ă©lĂ©ments sont dĂ©sĂ©quilibrĂ©s :
– L’eau ne coule plus, les larmes sont retenues.
– La terre n’ancre plus, la rĂ©alitĂ© devient floue.
– L’air ne circule plus, les mots sont Ă©touffĂ©s.
– Et le feu devient destructeur, au lieu d’ĂȘtre crĂ©ateur.


🜁 Une voie de rĂ©conciliation

La guĂ©rison passe par une restauration de l’équilibre des Ă©lĂ©ments en soi :
– Pleurer, s’autoriser à ressentir (eau)
– Se reconnecter au corps et au quotidien (terre)
– Mettre des mots, comprendre son histoire (air)
– Et surtout
 apprivoiser le feu. Le remettre au service de la conscience, de la crĂ©ation, de l’amour.


✹ Une ivresse sacrĂ©e

Loin d’ĂȘtre une erreur, l’addiction peut ĂȘtre vue comme une initiation alchimique dĂ©tournĂ©e.
Ce n’est pas le feu qu’il faut Ă©teindre. C’est le feu qu’il faut sanctifier.
Car une autre ivresse est possible : celle d’habiter pleinement sa vie, en conscience, sans fuite, sans masque.